Le dernier atelier de mon stage Décrire pour séduire est une dégustation rédigée. Travailler l’expression du goût avec de bons carrés de chocolat. J’utilise parfois cet exercice pour clore la formation Rédiger sur le Web | Peaufiner son écriture pour un style d’écrivain sur Internet (RW3).
Ce jeu d’écriture sensorielle encourage mes stagiaires à ouvrir et connecter leurs champs lexicaux. Cette pédagogie fondée sur l’exercice développe l’expression à la fois libérée et contrôlée : elle valorise les champs émotionnel et sensoriel. Voici mon récit de carré cacaoté.

Pour l’exercice d’écriture gustative, j’ai choisi une plaquette de chocolat noir Lindt à 85% de cacao. La marque est gravée sur chaque carré brun foncé, lisse et brillant. J’avais peur qu’il ne chauffe, mais il est à bonne température, encore frais. Il casse d’un bruit sec.

J’hume l’odeur âpre du chocolat noir. Au nez, il m’évoque les chemins de sable chauffés par le soleil d’été près d’une étable, avec une légère pointe de fourrage, adoucie par le sucre. Le bétail piétinant la paille, croquant le sol de ses sabots.

Je croque. C’est net, avec une lente montée des saveurs. Un goût très sec, presque poudreux, peu de beurre, et cette lente vague amère du cacao qui tapisse la langue et s’évanouit doucement. Dégustation de cacao presque brut.

Un sentier de poussière brune

Il faut un moment pour y revenir, il manque la dépendance du sucre. Saveurs très sobres, ce choix extrême des goûts me fait désirer une proportion moindre : au lieu de 85%, descendre à 70. Trop peu de beurre, de gras, de collant sur les doigts. C’est de la poudre de cacao amalgamée et légèrement sucrée. Savoureuse certes, mais moins extatique que les truffes de noël que nous cuisinons avec Maman. On n’est pas dans la douceur. La noblesse peut-être, mais l’extrême chaleur d’un carré mat, fin, qui m’évoque plutôt un sentier de poussière brune.

En finissant mon carré d’un grand coup, c’est plus voluptueux, plus massif et crémeux. Mais il faut le vouloir, car la langue vient ensuite râper tout ce cacao collé aux dents, sans l’arôme du beurre. Il manque. La saveur pure demande à être accompagnée. Associée. Un appel au mariage, peut-être avec un café, une brioche, une crème. Pour faire pleuvoir quelques gouttes suaves sur cette langue de terre d’Afrique.


Ce blog illustre le stage Tourisme | Rédiger un produit touristique : l’art de la rédaction sensorielle, décrire pour séduire (TO1)